Interview

Gaëlle Bien-Aimé, la dayiva de la nouvelle scène haïtienne

today9 mars 2024 181

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Par Guy Ferolus

La comédienne Gaëlle Bien-Aimé s’ouvre sur son parcours artistique, son éveil féministe, sa relation complexe avec son pays natal, et sa propre fragilité. Dans un entretien exclusif à Haiti Inter, elle partage ses réflexions sur les enjeux de genre et l’importance de la culture vaudou dans la lutte pour l’égalité des sexes en Haïti.

Ses débuts sur les planches ont été marqués par une sensibilité particulière envers les injustices faites aux femmes. Dès son plus jeune âge, Gaëlle a été témoin des disparités de traitement entre hommes et femmes, un constat qui a façonné son engagement féministe précoce. Elle souligne l’urgence d’une éducation inclusive qui enseigne le respect mutuel et dénonce vigoureusement l’éducation sexiste persistante en Haïti.

Gaëlle Bien-Aimé fait valoir que pour progresser vers l’égalité des sexes, il est impératif de remettre en question les normes de genre et les privilèges masculins. Elle loue le vaudou haïtien comme un exemple de progressisme, mettant en avant la place centrale des divinités féminines et l’absence de discrimination de genre dans cette pratique spirituelle.

Lorsqu’elle évoque la relation entre religion et féminisme, Gaëlle s’inspire des paroles de la chanteuse Tafa Mi Soleil qui avait fait polémique. La chanteuse avait déclaré sur notre antenne : « être haïtienne et chrétienne, ça ne colle pas », montrant ainsi que l’identité haïtienne et le christianisme ne sont pas compatibles. Cette déclaration avait provoqué l’ire des évangélistes fondamentalistes en Haïti. Reprenant cette déclaration à son compte, la comédienne rappelle le rôle crucial du vaudou dans la résistance à l’oppression, soulignant que les femmes esclaves se sont souvent tournées vers cette tradition pour trouver la force de lutter pour leur liberté.

Engagée dans la cause féministe, Gaëlle Bien-Aimé est membre active de l’organisation « Nègès Mawon », une organisation féministe qui revendique l’héritage des femmes qui ont lutté pour l’indépendance d’Haïti. Son amour pour son pays est profond, mais elle avoue être déchirée entre son désir de rester et la réalité de la situation politique et sociale qui rend son avenir incertain.

Au-delà de son militantisme, Gaëlle révèle sa propre vulnérabilité, partageant sa lutte contre la tristesse qui l’habite et son recours à la scène comme forme de thérapie.

Parmi les artistes qui l’inspirent, elle évoque son admiration pour le chanteur Manno Charlemagne qui est pour elle une source d’inspiration. En 2018, Elle avait créé un spectacle féministe basé sur ses chansons.

À travers ses paroles et son art, Gaëlle Bien-Aimé incarne la voix courageuse et authentique d’une génération de femmes haïtiennes qui défient les normes, dénoncent les injustices et cherchent à créer un avenir plus égalitaire et inclusif pour tous.

L’interview en vidéo en intégralité:

 

Écrit par Guy Ferolus

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