Ti Manno, D.P. Express et la chanson David

En 1980, Ti Manno et le groupe D.P. Express marquent l’histoire de la musique haïtienne avec la chanson David. Plus qu’un simple morceau, cette œuvre devient un véritable cri du cœur pour toute une génération d’Haïtiens, notamment ceux de la diaspora. Inspirée par l’ouragan David qui a ravagé la Caraïbe en 1979, la chanson mêle récit personnel et sentiment patriotique dans une fresque musicale poignante.

Le 27 août 1979, alors qu’il est en tournée en Guadeloupe avec le D.P. Express, Ti Manno est pris au piège d’une tempête tropicale qui devient rapidement un ouragan de catégorie 5. Sans électricité et bloqués dans un hôtel inondé, lui et ses compagnons vivent des heures d’angoisse, pensant ne jamais revoir leur pays natal. Pendant ce temps, Haïti est frappée de plein fouet par David, causant des morts et des dégâts matériels.

Cette expérience bouleversante nourrit l’inspiration des musiciens du groupe. Dans David, Ti Manno raconte l’angoisse de vivre une catastrophe loin de chez lui, la crainte pour ses proches, et surtout le besoin viscéral de rentrer en Haïti. La chanson devient ainsi un témoignage direct de son attachement à son pays.

La chanson alterne entre moments narratifs et passages émotionnels intenses. Dans le refrain, Ti Manno répète avec ferveur « Mwen pa pral mouri nan peyi etranje » (Je ne vais pas mourir dans un pays étranger), une phrase qui résonne fortement auprès des Haïtiens de la diaspora. Ce refrain devient un hymne au retour, un appel à ne jamais oublier ses racines.

La chanson David est bien plus qu’un récit de tempête. Elle illustre l’amour indéfectible pour la patrie, la peur de l’exil forcé et la joie de savoir ses proches sains et saufs. Ce mélange d’émotions et de patriotisme a fait de la chanson un classique incontournable de la musique haïtienne.

Plus de quarante ans après sa sortie, David continue de toucher les Haïtiens à travers le monde.

Avec cette chanson, Ti Manno et le D.P. Express ont laissé une œuvre intemporelle qui rappelle que, malgré les épreuves, l’amour du pays reste indélébile.