Lilas Desquiron : « Haïti, un pays unique au monde »

Rencontre avec Lilas Desquiron, ancienne ministre de la Culture et actuelle déléguée permanente à l’UNESCO. Elle nous présente son livre « Haïti, un pays unique au monde », qui met en valeur la richesse culturelle et historique de son pays.

Reprenant ses fonctions à l’UNESCO après une longue période d’absence sur la scène politique, Lilas Desquiron exprime la complexité de sa mission : « Diriger une mission haïtienne à l’UNESCO est une tâche extrêmement difficile, mais passionnante. » Elle souligne le défi majeur auquel est confronté son pays : l’éducation.

En période de crise, les enfants haïtiens sont les premières victimes. « Leurs écoles sont envahies par des réfugiés, les professeurs ont quitté le pays, et ceux qui restent accomplissent un travail colossal », explique-t-elle. Si l’UNESCO peut apporter une assistance technique et pédagogique, elle insiste sur le fait que « nous devons nous-mêmes mettre en place des structures pour recevoir cette aide et élaborer un programme national d’éducation digne de ce nom ».

Interrogée sur la place d’Haïti dans le monde, Lilas Desquiron rappelle que « Haïti est un pays de créateurs ». Écrivains, musiciens, artistes plasticiens, poètes : la culture haïtienne est une force vive qui permet à son peuple de surmonter les difficultés quotidiennes.

Elle met également en avant l’importance du vaudou, souvent mal compris, mais qui est une source de sagesse et un vecteur de protection de l’environnement. « Les lois vaudou protègent l’eau, la végétation et enseignent le respect de la nature », précise-t-elle.

Loin d’être isolée, Haïti rayonne à travers sa diaspora. « Nos compatriotes ont enrichi le Canada, la France, les États-Unis, que ce soit en politique, en littérature, en médecine ou dans l’enseignement », souligne-t-elle. Elle cite, entre autres, Jean-Marie Théodat et Dany Laferrière, figures emblématiques de l’intelligentsia haïtienne.

L’entretien s’achève sur une annonce majeure : la création d’un prix littéraire Frankétienne, en hommage à l’écrivain haïtien récemment disparu. « Ce sera le premier prix littéraire de l’UNESCO, et je suis honorée qu’il porte le nom de Frankétienne », confie-t-elle.

Cette initiative, en plus de rendre hommage à l’un des plus grands auteurs haïtiens, souligne la volonté de faire rayonner encore davantage la culture haïtienne sur la scène internationale.

En conclusion, Lilas Desquiron nous rappelle que « Haïti possède une richesse culturelle et humaine inestimable. Il ne tient qu’à nous de la faire fructifier ». Un message d’espoir et de mobilisation pour l’avenir du pays.