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Anthony Phelps, poète, romancier et journaliste haïtien, s’est éteint à Montréal dans la nuit du 10 au 11 mars 2025, à l’âge de 96 ans. Figure emblématique de la poésie haïtienne et membre fondateur du mouvement Haïti Littéraire, son œuvre engagée et vibrante a marqué plusieurs générations.
Né à Port-au-Prince le 25 août 1928, Anthony Phelps fait ses études primaires et secondaires à l’institution Saint-Louis-de-Gonzague. Il quitte ensuite Haïti pour poursuivre des études de chimie à l’université Seton Hall, aux États-Unis, puis part au Canada, où il s’initie à la photographie et à la céramique à l’École des beaux-arts de Montréal. C’est là qu’il découvre également l’écriture radiophonique grâce au romancier Yves Thériault.
De retour en Haïti en 1961, Phelps rencontre le poète René Philoctète et intègre le groupe de poètes Samba, où il côtoie Villard Denis, Serge Legagneur, Roland Morisseau et Auguste Ténor. Parallèlement, il fonde la station Radio Cacique, un espace d’échange culturel et littéraire. Peu après, Samba devient Haïti Littéraire, mouvement qui s’oppose en filigrane au régime dictatorial de François Duvalier.
Son activisme lui vaut d’être arrêté et emprisonné pendant trois semaines. Contraint à l’exil, il s’installe brièvement à Philadelphie avant de rejoindre Montréal en mai 1964, où il s’établit définitivement.
Dès 1967, il entame une carrière de journaliste à Radio-Canada, tout en continuant à écrire et à enregistrer ses poèmes. Il prend sa retraite en 1985 pour se consacrer pleinement à la littérature. Après la chute de Jean-Claude Duvalier en 1986, il retourne en Haïti pour plusieurs séjours.
Son œuvre est prolifique : 18 recueils de poésie, 4 romans, un recueil de nouvelles, deux pièces de théâtre et un recueil de contes. Traduit en plusieurs langues, Phelps est comparé à Aimé Césaire et Pablo Neruda. Son poème Mon pays que voici, publié en 1968, ainsi que son premier roman Moins l’infini (1973), qui dénonce la violence du régime Duvalier, sont des œuvres majeures de la littérature francophone.
Dans les années 1980, il explore le cinéma avec le court-métrage Aube noire. Il est honoré à plusieurs reprises, notamment en 2001 par le gouvernement du Québec et en 2016 par la ville de Montréal lors de la Journée mondiale de la poésie.
Anthony Phelps laisse une empreinte indélébile sur la littérature haïtienne et francophone. Sa poésie, marquée par l’exil, la révolte et l’amour de son pays, continuera d’inspirer les générations futures. Comme il l’écrivait dans Mon pays que voici :
« Ô mon pays si triste est la saison Qu’il est venu le temps de se parler par signes Je continue ma lente marche de poète A travers les forêts de ta nuit. »
Avec son départ, une page de la littérature haïtienne se tourne, mais son œuvre, elle, demeure immortelle.
Écrit par Haïti Inter
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