Histoire

De quoi se nourrissaient les esclaves à Saint-Domingue?

today8 avril 2022 1097 3

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Dans la colonie de Saint-Domingue, les esclaves devaient supporter la faim en plus de leur condition de travail inhumaine et épouvantable.

Si la colonie était très prospère, ceux qui en assuraient la prospérité mourraient de faim.

Pourtant, le code noir prévoyait que chaque esclave devait recevoir une fois par semaine 3 cassaves de manioc, 2 livres de bœuf salé ou de poisson.

Mais dans la réalité, il n’en était rien. Le plus souvent l’esclave n’avait eu droit qu’à quelques patates bouillies et un peu d’eau. Certaines sources rapportent que juste “quelques racines faisaient toute la nourriture” de l’esclave.

“On voit la plupart des esclaves languir dans une extrême indigence (…). Leurs aliments ne sont pas distingués de ceux qu’on donne aux animaux les plus immondes, encore n’en ont-ils presque jamais selon leur appétit” (Le Père Nicolson, 1770)

Et même parfois, ils ne reçoivent absolument rien.

“Que de fois j’ai vu, à l’instant du déjeuner, les noirs ne pas avoir une patate, et rester sans manger. Cela arrive sur presque toutes les habitations à sucre” (Charles Malenfant, Des colonies et particulièrement de celle de Saint-Domingue, Mémoire historique et politique, 1814).

La charge de travail de l’esclave était extrêmement pénible et harassante, comment a-t-il pu survivre sans nourriture adéquate? Face à cette situation de disette extrême, certains esclaves désertaient l’habitation, d’autres se donnaient la mort. Les plus courageux pillaient l’habitation. Ceux-là, les colons les accusaient “d’être si gourmands, qu’ils vont la nuit enlever des vivres dans les habitations”. Et quand ils se faisaient attraper, ils étaient punis le plus sévèrement possible.

La famine faisait tellement rage chez les esclaves que certains se nourrissaient de tout ce qu’ils trouvaient sur leur passage, y compris des carcasses d’animaux morts comme le rapporte l’écrivain Bernardin de Saint-Pierre.

“Un jour, je vis un qui n’avait que la peau et les os, découper la chair d’un cheval mort pour la manger. C’était un squelette qui en dévorait un autre”

Le problème de la malnutrition des esclaves faisait tellement de dégâts que certains colons acceptaient finalement de leur confier un lopin de terre dans les endroits éloignés de l’habitation ou proches des bois.

L’esclave pouvait alors planter des vivres ou nourrir quelques volailles. Le colon propriétaire prélevait bien sûr sa part à la récolte.

Les propriétaires acceptaient cette concession non pas par humanisme mais par calcul. Ils avaient compris qu’ils ont intérêt à nourrir leurs esclaves s’ils voulaient obtenir un meilleur rendement.

Mais cette prise de conscience est arrivée tardivement vers la fin de la période coloniale.

La violence de la famine dans laquelle a été maintenue les esclaves a causé autant de dégâts que les travaux forcés auxquels ils étaient astreints.

Écrit par Guy Ferolus

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