Émerante de Pradines ou la fierté du folklore haïtien

L’histoire artistique d’Émerante de Pradines commence par sa rencontre avec le vaudou. Pendant toute sa vie, elle n’a de cesse de défendre avec fierté le folklore haïtien. 

Émerante de Pradines (1918-2018) est une figure emblématique de la culture haïtienne, elle était à la fois danseuse, chanteuse, comédienne et enseignante. Née à Port-au-Prince, elle est la fille d’Auguste de Pradines, dit Candio, un célèbre troubadour et compositeur haïtien. Très jeune, elle est immergée dans un environnement artistique et culturel qui influence profondément ses choix de vie. Refusant de choisir entre ses diverses passions, elle excelle dans la musique, la danse et le théâtre. Elle a marqué son époque par sa polyvalence et son talent.

Émerante de Pradines est surtout connue pour son engagement sans compromis en faveur du folklore haïtien, en particulier du vaudou, souvent stigmatisé et mal compris. Lors d’une représentation au Rex Théâtre, elle fait face à la désapprobation du public en chantant des chansons vaudou. Malgré cette opposition, elle persiste à défendre cette forme d’expression culturelle, inspirée par des intellectuels comme Jean Price-Mars qui défendaient le vaudou comme une part essentielle de notre héritage africain. Elle reprend notamment « Erzulie », une chanson vaudou composée par son père, la transformant en un classique qui va par la suite être interprété par de nombreux autres artistes.

En plus de sa carrière artistique, Émerante de Pradines est également passionnée par l’enseignement. Diplômée de l’École Normale Supérieure, elle crée une école à Martissant, puis « La Ruche », qu’elle dirige même à l’âge de la retraite, démontrant son dévouement à transmettre son savoir et son amour de la culture aux jeunes générations. Elle occupe également le poste de directrice de la Troupe Nationale Folklorique d’Haïti, où elle a continué de promouvoir la culture et les arts traditionnels haïtiens.

Le 6 janvier 2018, Émerante de Pradines s’éteint à l’âge de 99 ans, quelques mois avant de célébrer son centenaire. Elle laisse derrière elle un riche héritage d’engagement artistique et de défense du patrimoine culturel haïtien. Ses deux albums enregistrés en 1953 et son influence continue sur la scène culturelle haïtienne témoignent de son rôle de pionnière des chant vaudou.