Entretien avec Monique Clesca : « Haïti est en lutte pour sa survie »

Au cours d’un entretien avec Haiti Inter, la journaliste et écrivaine Monique Clesca a partagé sa réflexion sur l’état alarmant dans lequel se trouve Haïti. À travers ses observations, elle met en lumière une réalité marquée par la faim, l’exclusion, la violence politique et le désespoir, mais aussi par une volonté de survie et de transformation.

Dans certaines régions, les conditions de vie sont si dégradées que de nombreuses familles ne mangent pas pendant plusieurs jours. L’accès à des ressources de base comme la nourriture, la monnaie ou les infrastructures économiques reste extrêmement limité, notamment dans des zones comme le nord-ouest du pays, particulièrement touchées par le sous-développement.

Elle souligne aussi le manque d’inclusion des femmes dans les structures politiques. Plutôt que de les intégrer dans les instances dirigeantes, certains partis créent des entités séparées, renforçant ainsi une marginalisation systémique. Cette stratégie freine la participation pleine et entière des femmes à la gouvernance nationale.

Sur le plan de la sécurité, la situation reste extrêmement préoccupante. De nombreux massacres ont été recensés ces dernières années, traduisant une violence étatique et une instabilité croissante. Elle évoque un régime en place depuis plus d’une décennie, marqué selon elle par une gouvernance liée à des structures criminelles. Une forme de pouvoir s’est imposée, mêlant figures politiques, réseaux de corruption et groupes armés, dans un climat de peur et d’impunité.

Pour Monique Clesca, la population haïtienne fait face à une lutte constante, à la fois individuelle et collective. Ce combat ne peut, selon elle, venir de l’extérieur. Elle insiste sur l’importance de l’unité nationale et sur le rôle des citoyens haïtiens eux-mêmes pour impulser le changement. Il existe, à ses yeux, des hommes et des femmes intègres capables de guider le pays vers une nouvelle forme de gouvernance, plus juste et plus inclusive.

Avec une population majoritairement jeune – près des deux tiers ayant moins de 24 ans – Haïti possède un potentiel humain considérable. Cette jeunesse, malgré les difficultés, représente une force d’avenir qui pourrait permettre de sortir du cycle de crise dans lequel le pays est enlisé.

Elle rappelle que la crise humanitaire demeure au cœur de l’urgence. La faim, en particulier dans les grandes villes comme Port-au-Prince, reste une préoccupation quotidienne pour des milliers de familles. Derrière les enjeux politiques, c’est la dignité et la survie même du peuple haïtien qui sont en jeu.