Florence Jean Louis Dupuy a besoin des vibrations de son pays

Le 29 juillet dernier, nous avons eu l’honneur de rencontrer Florence Jean Louis Dupuy à Paris pour une interview sincère et sans détours. La comédienne et metteure en scène haïtienne nous a confié sa douleur de vivre loin de son pays natal et sa détermination à y retourner après plus d’un an passé aux États-Unis.

Pour Florence Jean Louis Dupuy, vivre en dehors d’Haïti revient à ne plus vivre pleinement. Malgré des opportunités professionnelles à Miami, elle ressentait un manque constant de l’air, de l’énergie et des vibrations de son pays. La vie en exil, même dans des conditions favorables, ne lui procurait qu’une survie sans réelle satisfaction.

Bien qu’elle ait été reconnue et appréciée à Miami, la comédienne n’arrivait pas à se sentir entière. Elle a finalement pris la décision courageuse de retourner en Haïti, consciente des dangers mais animée par un besoin profond de retrouver ses racines. Florence évoque les luttes personnelles et culturelles qu’elle a menées pour s’accepter elle-même. Accepter sa coiffure naturelle lui a pris 40 ans, un combat symbolique contre les stigmates de l’héritage colonial qui rejette tout ce qui est noir et authentique.

Sa découverte du vaudou a été une expérience formatrice. Florence Jean Louis Dupuy a ressenti un besoin profond de se rapprocher de ses ancêtres et de comprendre leurs pratiques et croyances, ce qui a profondément changé sa vie et sa perspective.

En 1986, elle a participé à la première marche féministe en Haïti. Bien que l’initiative ait semblé prometteuse, elle a été déçue de constater que beaucoup de ceux qui avaient organisé la marche ont ensuite occupé des postes de pouvoir, oubliant la cause féminine. L’artiste critique également les féministes de son époque pour leur approche souvent agressive envers les hommes. Pour elle, le féminisme doit être un combat pour l’égalité et le respect mutuel, non une guerre des sexes.

Florence Jean Louis Dupuy souligne l’importance de l’unité dans la société haïtienne. Elle appelle la jeunesse à collaborer et à respecter les contributions des anciens, afin de surmonter les divisions qui affaiblissent le pays. Elle appelle à la fin des divisions et à une collaboration pour un avenir meilleur.

Pour la première fois, la metteure en scène avoue avoir ressenti la peur en Haïti. La violence croissante et la méchanceté généralisée sont des réalités qui la rendent inquiète pour son avenir dans le pays. « Je ne me reconnais plus dans cette Haïti violente et méchante. J’ai toujours été à l’aise avec mes compatriotes, mais récemment, j’ai ressenti la peur pour la première fois. Cette violence m’est étrangère. »

Florence Jean Louis Dupuy appelle à la solidarité et à l’unité pour construire une Haïti meilleure. Elle croit fermement que les femmes doivent jouer un rôle clé dans cette transformation, en montrant l’exemple et en encourageant la collaboration. Avec un cœur plein d’espoir et de détermination, elle retourne en Haïti. Son parcours et ses expériences sont une source d’inspiration pour tous ceux qui croient en un avenir meilleur pour le pays.