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Le direct Haiti Inter, l'expérience musicale
Par Guy Ferolus
Né le 12 avril 1936 à Ravine Sèche, un village de la commune de Saint Marc dans le département de l’Artibonite, Frankétienne est une figure emblématique de la culture haïtienne. À l’aube de ses 88 ans, cet écrivain polymorphe, poète, dramaturge, peintre, musicien, chanteur et enseignant, continue d’inspirer par son œuvre prolifique et son engagement indéfectible envers son pays.
Frankétienne a marqué la scène littéraire haïtienne avec plus d’une quarantaine d’ouvrages, parmi lesquels « Dezafi » se démarque comme l’un des premiers romans haïtiens écrits en créole. Mais son influence va bien au-delà de la simple écriture. Il incarne une voix puissante qui témoigne des réalités complexes et souvent troublantes de la société haïtienne.
L’histoire personnelle de Frankétienne est aussi fascinante que son œuvre. Il serait né en 1936 du viol de sa mère, une jeune femme, par un Américain. Cette origine tumultueuse a sans doute nourri son œuvre d’une profondeur et d’une complexité singulières. En dépit des défis personnels et des tumultes politiques qui ont secoué Haïti au fil des décennies, Frankétienne a choisi de demeurer dans son pays pour y écrire et y lutter.
Au début des années 1960, au cœur de l’ère Duvalier, Frankétienne fréquente le groupe Haïti littéraire, une pépinière d’auteurs parmi lesquels émergent des noms tels que Anthony Phelps, René Philoctète, Serge Legagneur, et Roland Morisseau. Mais la situation politique devient rapidement insoutenable pour les intellectuels, poussant bon nombre d’entre eux à l’exil. Frankétienne, lui, reste en Haïti, déterminé à donner voix à son peuple à travers sa plume.
Chaque œuvre de Frankétienne est ancrée dans l’histoire contemporaine haïtienne, témoignant d’un moment de la conscience nationale. Son roman « Ultravocal » (1972) plonge le lecteur dans le vertige de l’errance sans fin, dépeignant un pays hanté par le « mal majeur » qui pousse ses enfants à l’exode massif, sans espoir de retour. Des scènes poignantes comme celle dans « Mûr à crever » (1968), où des Haïtiens se jettent à la mer plutôt que de retourner dans l’enfer duvaliériste, résonnent dans l’imaginaire collectif.
L’engagement de Frankétienne ne se limite pas à la littérature. En tant que ministre de la Culture sous la présidence de Leslie F. Manigat, il a contribué activement à la promotion et à la préservation de la richesse culturelle haïtienne. Son influence dépasse également les frontières de son pays, avec des apparitions remarquées dans des documentaires tels que « La dérive douce d’un enfant de Petit-Goâve » de Pedro Ruiz.
Reconnaissant sa contribution exceptionnelle à la langue française et à la culture francophone, l’Académie française lui a décerné en juin 2021 le Grand Prix de la francophonie. Ce prestigieux prix vient couronner une carrière dédiée à l’illustration et au maintien de la langue française, tant en Haïti qu’à l’échelle internationale.
À l’aube de ses 88 ans, Frankétienne demeure une source d’inspiration inépuisable pour les générations futures d’écrivains haïtiens et francophones. Son héritage littéraire et culturel continue de rayonner, invitant chacun à réfléchir sur les enjeux de la société contemporaine et à célébrer la richesse de la diversité culturelle.
Écrit par Guy Ferolus
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Ronald Trenard on 17 mai 2024
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