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Le direct Haiti Inter, l'expérience musicale
Par Guy Ferolus
Johnson Sabin est un reporter photographe vivant au cœur de l’une des crises les plus profondes qu’Haïti ait jamais connues. Chaque jour, son travail consiste à capturer et documenter l’inimaginable, souvent au péril de sa vie. Dans ce témoignage bouleversant, il nous partage ses expériences, ses craintes, et la raison pour laquelle il persiste malgré les dangers.
« Au dernier événement, nous avons trouvé 16 cadavres, dont 9 empilés au même endroit, » raconte Sabin. Ces scènes macabres, qui deviennent tristement fréquentes, s’étendent dans tout Port-au-Prince. « Ces derniers temps, il y a tellement de corps dans les rues. On les brûle ou on les enterre dans des fosses communes, sans cérémonie. »
Pour Sabin, ces images ne sont pas seulement horribles, elles sont aussi un appel à la conscience collective. Cependant, il craint que la mort ne devienne une banalité. « Deux personnes tuées, ce n’est plus une nouvelle, » déplore-t-il.
« Nous vivons une forme de guerre sans convention, » affirme-t-il. Les rues sont devenues des champs de bataille où les armes de guerre circulent entre les mains de jeunes non formés. La police, souvent débordée et épuisée, peine à maintenir l’ordre.
Pour les journalistes comme Sabin, il n’y a aucune protection. « Sortir chaque matin sans certitude de rentrer chez soi, c’est notre quotidien, » confie-t-il. « Le danger est omniprésent, que ce soit une balle perdue ou l’entrée dans un quartier contrôlé par des groupes armés. »
Face à ces risques, pourquoi persiste-t-il ? « Pour informer et laisser une trace, » explique-t-il. Johnson Sabin croit profondément en son rôle de témoin. Il s’efforce de montrer au monde la souffrance des Haïtiens et de documenter une période sombre de l’histoire de son pays.
Mais il n’est pas sans crainte. « Pendant que nous faisons cette interview, on entend des tirs. La peur est constante, mais je continue. Parce que c’est notre rôle, même si cela signifie affronter l’indicible. »
Sabin constate également l’exode massif des jeunes et des cadres haïtiens, exacerbant la désorganisation du pays. « Avec le programme Biden, beaucoup partent, pas parce qu’ils n’aiment pas Haïti, mais parce qu’ils n’ont plus d’espoir. » Malgré tout, il refuse de quitter son pays. « Je fais le choix de rester, de continuer à me battre, même si c’est compliqué. »
Pour se protéger, le photojournaliste s’appuie sur son intuition et une vigilance constante. « Je suis attentif aux sons, je sais où m’abriter, et je fais confiance à mon instinct. Quand le danger approche, je le sens et je quitte les lieux. Mais tous n’ont pas cette chance. »
Malgré les tragédies, Sabin croit encore en un avenir meilleur. « C’est un moment difficile de notre histoire, mais je pense qu’il y a de l’espoir. Nous devons surmonter cette période pour qu’elle appartienne à l’histoire et non à notre présent. »
Avec son appareil photo, Johnson Sabin capture non seulement la souffrance de son peuple, mais aussi son courage et sa combativité. Il fait partie de ceux qui, malgré les épreuves, continuent de lutter pour que l’histoire d’Haïti ne soit pas réduite au silence.
Voir le témoignage en vidéo:
Écrit par Haïti Inter
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