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Le conseil présidentiel est-il légal? Guy Ferolus
Alors que Haïti sombre dans le chaos, une question brûlante émerge des décombres de l’État : le Conseil présidentiel est-il légal et constitutionnel? Cette interrogation, cruciale dans un État de droit, semble désormais reléguée au second plan, submergée par les vagues de troubles politiques et sociaux qui secouent Haïti.
Au cœur de cette crise, une Constitution qui fêtait le 29 mars dernier son 37e anniversaire dans l’ombre de l’obscurité politique. Car, ironiquement, nulle part dans cet édifice législatif n’est prévu un quelconque conseil à 7 ou 9 membres.
Est-ce là le prix à payer pour une nation en proie au désordre? Est-ce que la crise justifie de ne pas tenir compte des prescrits de la Constitution?
La Constitution de 1987 prévoyait que le président de la Cour de cassation devait prendre les rênes du pouvoir en cas de vacance de la présidence. Cependant, depuis les nouveaux amendements de 2011, la constitution stipule que le pouvoir revient au premier ministre en cas de vacances du président. Cette version révisée de la Constitution, adoptée sous le régime PHTK, est très contestée pour la manière dont elle a été rédigée et adoptée. À aucun moment, que ce soit dans sa version originale ou amendée, la constitution ne prévoit la désignation d’un conseil présidentiel pour combler le vide à la tête de l’exécutif en cas de vacance de la présidence de la république. La situation actuelle, avec la démission du Premier ministre, met en évidence l’urgence de trouver une solution viable. Le retour aux dispositions de la constitution originale, où le président de la Cour de cassation prenait les rênes du pouvoir en cas de vacances présidentielles, n’était-elle pas l’option à privilégier au lieu d’un conseil présidentiel formé avec ceux-là même qui sont les fauteurs de troubles?
Pendant que les rues bruissent de désespoir et que les gangs sèment la terreur, le conseil présidentiel patronné par la CARICOM, tel un chevalier conquérant, s’avance pour prendre les rênes du destin haïtien. Mais la question de son illégitimité plane déjà comme une ombre sur ses actions futures.
Les contradictions foisonnent. Jean Charles Moïse, acteur central dans ce théâtre macabre, s’engageait fermement il y a pas longtemps contre ce conseil présidentiel voulu par la CARICOM, pour finalement être le premier des membres à faire partie de ce conseil. Pendant ce temps, Barbecue, figure sinistre de la violence, profère des menaces de massacres contre ceux qu’il juge traîtres à sa cause. En ligne de mire: la population!
Pendant que les politiciens jonglent avec les alliances pour savoir qui sera le président du conseil donc du pays, les gangs incendient les écoles, universités et hôpitaux… La barbarie n’a plus de limites.
Et au milieu de ce tourbillon, les membres du Conseil présidentiel s’érigent en sauveur autoproclamé, promettant de restaurer l’ordre démocratique. Mais comment? La police est impuissante, et des milliers de prisonniers sont en cavale. La plupart sont enrôlés par les gangs et les autres sont évaporés dans la nature.
L’ex-premier ministre, Ariel Henry, en fuite, se cache toujours, son ministre des finances impose un couvre-feu alors que la population vivait déjà de fait sous couvre-feu. A Port-au-Prince, à partir d’une certaine heure, personne ne sort et ça le ministre semble l’ignorer. qui n’est bien sûr pas respecté par la population encore moins par ceux qui imposent la terreur.
Les Haïtiens, eux, sont maintenant prisonniers dans leur île. Rien n’entre, rien ne sort. Le principal aéroport du pays est fermé, laissant seulement aux diplomates et aux étrangers la possibilité de quitter le pays en hélicoptère. Pour l’instant, seul l’aéroport du Cap-Haïtien offre un couloir étroit permettant, dans des conditions particulières, de quitter le pays.
Dans cette tragédie haïtienne, une seule certitude persiste : le peuple est abandonné à son sort, prisonnier d’une spirale de violence et d’incompétence politique. Et pendant que les politiciens jonglent avec les intérêts et les alliances, Haïti se consume dans la violence et le chaos.
Écrit par Guy Ferolus
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