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Le direct Haiti Inter, l'expérience musicale
Par Guy Ferolus
Le 6 novembre 1988, le colonel Jean Claude Paul, figure puissante et controversée de l’armée haïtienne, meurt empoisonné chez lui à Fermathe. Son assassinat, digne d’un roman noir, a plongé le pays dans un tourbillon de spéculations et de théories qui, des décennies plus tard, restent non résolues.
Jean Claude Paul était un homme influent, commandant en chef du bataillon Dessalines, l’unité militaire la plus redoutée d’Haïti, et un acteur clé sous le régime militaire dirigé par le général Henri Namphy. Militaire respecté, son parcours n’était pourtant pas exempte de zones d’ombre. Paul était accusé par les autorités américaines d’être au cœur d’un vaste réseau de trafic de drogue, facilitant l’entrée de la cocaïne en Haïti en échange de pots-de-vin. Malgré ces accusations, il restait un personnage redouté, capable de faire trembler tant ses alliés que ses ennemis.
L’histoire prend un tournant dramatique le jour de sa mort. De retour chez lui après avoir rendu visite à son père, le colonel déguste une soupe préparée par sa femme, Mireille Delanois. Quelques instants plus tard, il est pris de convulsions violentes et s’effondre, désignant faiblement la soupe comme la cause de son malheur avant de mourir dans les bras de son frère. La police confirme plus tard qu’il a été empoisonné, et les soupçons se tournent rapidement vers sa femme. Mireille, elle-même poursuivie aux États-Unis pour trafic de drogue, est arrêtée, puis libérée sous caution. Peu de temps après, elle est assassinée à son tour, laissant derrière elle de nouvelles questions sans réponses.
L’assassinat de Jean Claude Paul semble être le point de convergence de multiples intérêts. Avait-il été éliminé par des membres de la junte militaire qui l’avaient récemment écarté du pouvoir? Était-ce une vengeance des trafiquants de drogue, irrités par son ambition de contrôler le marché? Ou encore, avait-il fait obstacle à une opération secrète des services secrets américains en Haïti, qui l’aurait finalement coûté la vie? Dans un contexte d’instabilité politique et de luttes de pouvoir, les motifs de son assassinat restent multiples et intriqués.
Aujourd’hui encore, la mort du colonel Jean Claude Paul demeure un mystère profond. Ce qui est clair, c’est que son assassinat a permis à bien des acteurs de la scène haïtienne et internationale de se débarrasser d’une figure encombrante et dangereuse. La vérité sur cette affaire complexe continue de se dérober, laissant planer le doute et les suspicions sur une époque où les alliances se forgeaient dans l’ombre, au prix de la vie de ceux qui se retrouvaient du mauvais côté de l’Histoire.
Écrit par Guy Ferolus
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