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Le direct Haiti Inter, l'expérience musicale
Le 15 octobre 2022, Mikaben, de son vrai nom Michael Benjamin, s’effondre en plein concert à Paris-Bercy, laissant un silence dévastateur dans une salle remplie de fans venus assister aux retrouvailles du groupe Carimi. Ce soir-là, Mikaben, invité d’honneur, avait tout donné sur scène. L’artiste haïtien de 41 ans, adulé par des milliers de personnes, n’aura pas survécu à ce malaise brutal, plongeant Haïti et la diaspora dans un deuil profond.
Né le 27 juin 1981 à Port-au-Prince, Mikaben était le fils du célèbre chanteur haïtien Lionel Benjamin, une figure emblématique de la musique haïtienne. Dès son plus jeune âge, Michael baignait dans un univers musical riche, ce qui le conduisit naturellement à suivre la voie de son père. Cependant, loin de se contenter d’être « le fils de », Mikaben a su créer son propre chemin, cultivant un style musical éclectique et unique.
Polyvalent, Mikaben maîtrisait plusieurs instruments et s’exprimait dans une variété de genres musicaux allant du konpa au reggae, en passant par la musique traditionnelle haïtienne et la dancehall. En 1999, il s’est fait connaître du grand public grâce à sa chanson de Noël « Nwèl Tris », interprétée avec sa sœur Mélodie. Cette composition dénonçait la situation difficile des enfants haïtiens vivant dans la pauvreté, prouvant d’emblée que cet artiste avait un regard critique et un profond attachement à son pays.
La carrière de Mikaben fut marquée par de nombreuses collaborations avec des artistes haïtiens et internationaux. Après avoir sorti son premier album, “Vwayaj” en 2000, il fonda le groupe “Krezi Mizik”, et sortit l’album « Ayiti San Manti ». Mais Mikaben, plus qu’un musicien talentueux, était aussi un fervent patriote, utilisant sa musique comme un moyen de dénoncer les injustices sociales, tout en portant un message d’espoir pour son pays.
Ses collaborations avec des artistes comme Bélo, où ils chantent ensemble « Drapo m nan », ou avec Paul Beaubrun sur « Ayibobo », ont renforcé son rôle de porte-voix de la culture haïtienne. Il a également composé pour de nombreuses stars telles que Leila Chicot, K-Dilak, Anie Alerte, ou encore la formation Kai. Sa chanson « Fè Lapli », sortie en 2018, fut un immense succès, tout comme son dernier album “MKBN”.
Mikaben n’était pas seulement un musicien. Il incarnait les espoirs et les frustrations de toute une génération haïtienne. Dans une vidéo postée quelques heures avant le drame de Bercy, il avait dédié ce concert à Haïti, déclarant : « Haïti, je te dédie ce concert. » Ses paroles résonnent aujourd’hui avec une tristesse poignante, lui qui espérait toujours des jours meilleurs pour son pays natal.
Au-delà de la musique, Mikaben était un homme profondément humain, apprécié pour sa gentillesse, sa générosité et son sens de la justice. Il a su surmonter quelques polémiques, notamment sur les réseaux sociaux, en présentant publiquement ses excuses après des propos jugés inappropriés envers la chanteuse Anie Alerte. Ce sens de l’honneur et sa capacité à se remettre en question faisaient de lui une personnalité attachante et respectée.
Son décès a laissé un vide dans le cœur de ses proches, de ses fans et du peuple haïtien. Sa femme Vanessa, enceinte au moment du drame, a donné naissance à leur deuxième enfant, Maia, quelques jours après la tragédie, ajoutant une note encore plus poignante à cette disparition prématurée. Mikaben avait aussi un fils, Gabriel, issu d’une précédente union, qui continue de vivre avec l’absence de son père.
Deux ans après son décès, le 16 octobre 2024, un collectif d’artistes haïtiens s’est réuni à l’hôtel El Rancho pour un concert hommage intitulé « Limyè pou Mikaben, La pè pou Ayiti ». Organisé avec l’implication de sa famille, et notamment de son frère aîné Lionel Benjamin Junior, surnommé « Lion », cet événement a été une célébration de la vie et de l’héritage de Mikaben. Sa famille, en dépit de la douleur, a tenu à honorer sa mémoire avec dignité, et a partagé avec l’audience leur volonté de perpétuer les valeurs que Michael incarnait à travers la “Fondation Ti Souf”, pour continuer son combat en faveur des enfants et de la culture haïtienne.
Mikaben appartenait à tout un peuple. Sa voix, ses chansons et ses engagements continueront de résonner dans les cœurs pour des générations à venir. Il nous a quittés physiquement, mais sa musique, elle, restera immortelle.
En Haïti et dans la diaspora, Michael Benjamin, dit Mikaben, est devenu un symbole. Il est parti, mais Haïti se souviendra de lui pour toujours.
La vidéo de l’émission consacrée à Mikaben:
Écrit par Tcheïta Vital
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