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Le direct Haiti Inter, l'expérience musicale
À la fin des années 1980, Haïti est plongée dans une instabilité politique extrême, marquée par une succession de coups d’État militaires et des luttes de pouvoir incessantes. Après la chute de Jean-Claude Duvalier en 1986, le pays tente de trouver son chemin vers la démocratie, mais se retrouve pris dans un tourbillon de régimes militaires et de répressions violentes. C’est dans ce contexte chaotique que le général Prosper Avril émerge comme une figure centrale, usant de manœuvres stratégiques et d’alliances pour s’imposer à la tête de l’État.
Le parcours d’Avril vers le pouvoir commence avec le coup d’État d’Henri Namphy contre le président élu Leslie Manigat en 1988. Peu de temps après, Namphy est lui-même renversé par Avril, qui bénéficie du soutien des sous-officiers de la garde présidentielle. Bien que le général affirme être arrivé au pouvoir par un « concours de circonstances », les faits montrent une réalité plus complexe. Avril, qui a longtemps servi la dictature des Duvalier et gagné la confiance des Américains, apparaît comme l’homme de Washington pour stabiliser la situation en Haïti. Les États-Unis, inquiets de l’instabilité croissante dans la région, ont vu en Avril un allié capable de contenir la dérive autoritaire amorcée par Namphy.
Toutefois, le règne de Prosper Avril ne se déroule pas sans opposition. Dès son arrivée au pouvoir, il doit faire face à des tentatives de coups d’État, notamment celle menée par le colonel Himmler Rébu, commandant des « Léopards », une unité d’élite de l’armée. Cette tentative avortée de renversement en avril 1989 illustre la fragilité de son autorité et la profonde division au sein des forces armées haïtiennes. La réponse d’Avril à cette attaque est révélatrice de sa détermination à s’accrocher au pouvoir, malgré les risques et les coûts.
Malgré tout, Prosper Avril parvient à survivre aux multiples complots et conserve le contrôle du pays, mais son régime reste marqué par la persécution des opposants politiques, des actes de torture, et une répression violente qui ne fait que prolonger le cycle d’impunité en Haïti. Ironiquement, même après sa démission sous la pression internationale en 1990 et son exil temporaire, Avril retourne en Haïti quelques années plus tard, se repositionnant discrètement sur la scène politique. Il échappe à toute véritable justice, témoignant de la faiblesse des institutions haïtiennes à affronter leur propre histoire et à rendre des comptes.
Aujourd’hui, l’héritage de Prosper Avril demeure controversé. Sa présence à des événements littéraires ou sa réhabilitation progressive sur la scène publique suscitent l’indignation de nombreux Haïtiens, pour qui il représente un symbole de l’impunité persistante. Cette période de l’histoire haïtienne, marquée par les ambitions personnelles et la manipulation des puissances étrangères, rappelle combien la quête de justice et de stabilité en Haïti reste une lutte inachevée.
Écrit par Guy Ferolus
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