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Le direct Haiti Inter, l'expérience musicale
Ymelda Marie-Louise est une figure emblématique de la scène musicale haïtienne et martiniquaise, reconnue pour son engagement artistique, ancré dans les racines culturelles et spirituelles de son pays. Depuis ses débuts dans le zouk et le compas jusqu’à son retour aux sources avec la musique traditionnelle haïtienne, Ymelda a parcouru un chemin singulier, marqué par des expériences personnelles bouleversantes. Lors de notre entretien, elle a partagé avec nous les étapes marquantes de son parcours musical et spirituel.
Il y a deux ans, Ymelda a pris une décision qui allait transformer sa vie : répondre à l’appel des Loas, les esprits du vaudou. Cette démarche spirituelle, elle a choisi de la vivre au Togo, où elle a reçu son initiation. Pour elle, cette expérience a été une véritable renaissance, lui apportant un sentiment de liberté et de paix intérieure. « J’ai enfin accepté celle que je suis, j’ai appris à embrasser ma spiritualité et à en faire un mode de vie », nous confie-t-elle.
Cette initiation a eu un impact considérable sur ses compositions musicales. Sa musique, désormais imprégnée des rythmes et des chants vaudous, résonne comme une célébration de ses racines haïtiennes et de son héritage spirituel. « Le vaudou, c’est un mode de vie, une philosophie. C’est une force qui fait partie de mon quotidien », explique-t-elle. Pourtant, elle déplore les nombreux préjugés entourant cette pratique, souvent associée à tort à la sorcellerie. « Il y a une méconnaissance du vaudou, et même nous, qui le pratiquons, sommes parfois responsables de cette confusion », admet-elle avec lucidité.
Le parcours d’Ymelda a également été marqué par une tragédie personnelle. Son mari, qui était plus qu’un compagnon pour elle — un véritable mentor — est décédé subitement lors d’une tournée à Nantes. Il l’accompagnait ce soir-là avec leur fille. Sa disparition brutale a laissé un vide immense dans sa vie, mais elle trouve aujourd’hui la force de continuer grâce à sa spiritualité retrouvée. « Il m’a aidée à assumer ma spiritualité, à m’ouvrir au monde du vaudou, et pour cela, je lui en serai éternellement reconnaissante », partage-t-elle avec émotion.
Ymelda a quitté Haïti à l’âge de 12 ans pour rejoindre sa mère en Martinique. Là-bas, elle a dû faire face à des discriminations en raison de ses origines haïtiennes. « À l’école, on se moquait de moi parce que j’étais haïtienne », se souvient-elle. Un jour, une camarade l’a même insultée en la traitant de « Haïtienne santi » (qui sent mauvais). Cet épisode lui a laissé une marque profonde, mais il a aussi renforcé sa fierté pour ses racines.
C’est par hasard que sa carrière musicale a débuté, lorsqu’on lui a proposé d’interpréter des chansons de Toto Bissainthe, une autre grande voix haïtienne qui l’a beaucoup inspirée. « Toto Bissainthe a été une source d’inspiration pour moi. Elle a su intégrer la culture vaudou dans ses chants », confie Ymelda, dont le répertoire actuel rend hommage à cette tradition.
Aujourd’hui, Ymelda est une chanteuse accomplie avec cinq albums à son actif. Son sixième album est en préparation et promet d’explorer encore plus en profondeur les rythmes et les thèmes liés au vaudou. Mais Ymelda ne se contente pas de la musique. En parallèle de sa carrière artistique, elle exerce en tant que musicothérapeute et réflexologue à Paris. Cette double carrière lui permet de concilier son amour pour la musique et son désir d’aider les autres à travers des thérapies basées sur le son et le toucher.
Lors de notre échange, Ymelda a longuement parlé du vaudou, qu’elle décrit comme une force omniprésente dans sa vie. « Avant chaque concert, je fais une petite prière, je jette trois coups d’eau pour demander la protection des esprits », explique-t-elle, illustrant ainsi le rituel qui fait partie intégrante de son quotidien.
Malgré les incompréhensions qui persistent autour du vaudou, Ymelda se sent aujourd’hui plus sereine que jamais. « J’ai appris à faire la part des choses. Les gens confondent le vaudou avec le diable, mais moi, je sais ce que c’est vraiment. Cela m’a aidée à me reconnecter avec moi-même et à trouver une nouvelle force », affirme-t-elle avec conviction.
Enfin, Ymelda conclut notre entretien sur une note d’espoir pour son pays d’origine. « Haïti a beaucoup souffert, mais nous avons aussi une force spirituelle inébranlable. La musique et le vaudou sont des moyens pour nous de résister, de rester debout malgré tout », déclare-t-elle. À travers sa musique, Ymelda souhaite non seulement célébrer ses racines, mais aussi offrir une lueur d’espoir à son peuple.
Ymelda Marie-Louise continue de faire résonner la voix d’Haïti à travers ses compositions, une voix chargée d’histoire, de douleur, mais aussi d’espoir et de résilience. Son sixième album, qu’elle promet riche en sonorités traditionnelles et en messages spirituels, est attendu avec impatience.
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L’intégralité de l’interview en vidéo
Écrit par Guy Ferolus
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